La fin de l’été

L’été se termine. L’écriture aussi. Hier, j’ai rangé mon bureau. Comme chaque année avant de reprendre. Une façon de me réapproprier cet espace qui va être si souvent chargé de larmes, de désespoir ou de colère durant l’année à venir. J’ai réajusté les rideaux, réorganisé les petits objets présents comme dans tous les cabinets d’analyste. Replacé un coquillage, déplacé une photo, recentré un tableau. Ça n’a aucune importance. Sauf pour moi qui réinvestis le lieu avant de rouvrir la porte. Je redoute un peu ce moment de reprise du travail, tout comme je l’espère. Comme beaucoup de collègues. C’est presque un sentiment dépressif qui m’envahit, même si j’ai envie aussi de savoir ce que deviennent tous ceux que j’ai quittés en juillet. Aurais-je la force de tenir contre vents et marées cette année encore ? Aurai-je assez d’énergie pour être, comme Roussillon le proposait, inconditionnellement disponible, indestructible, extrêmement sensible, malléable, et surtout très vivante ? C’est sans doute la question du désir de l’analyste qui se rappelle à moi à la fin de l’été. Certes toutes les séances ne sont pas éprouvantes. Elles nécessitent pourtant toutes l’attention qui scrute la surprise, l’enchaînement signifiant, le dévoilement d’un axe du transfert, l’inédit. Et sans doute que pour trouver son point d’équilibre comme analyste, faut-il aussi pouvoir vivre sans l’être trop. C’est ma façon à moi de répondre à la question initiale de mon ouvrage ” Féminin, maternel, couples, la valse à trois temps d’une psychanalyste” : comment rester analyste et non pas seulement le devenir? Il faut vraisemblablement d’abord et avant tout vivre, au sens plein de ce que nos propres analyses nous ont permis d’être vivants. Pour moi, être en vie, c’est écrire, aussi. Et j’ai l’intime conviction que le voyage de la nouvelle écriture qui a surgit en moi cet été me soutiendra dans le travail clinique à venir. Un roman en devenir, encore un …