Le travail du psychanalyste

Pour rendre compte de la spécificité du travail d’un psychanalyste, et ne pas dévoiler ce qui de l’intime des patients se déploie dans le cabinet, j’ai préféré utiliser la voie littéraire et fictionnelle. Je tente de rendre compte des séances quotidiennes, de restituer une atmosphère, de donner du relief au désespoir, à la douleur, aux questions sans réponses des êtres humains. Je modifierai régulièrement les vignettes présentées, pour vous faire entrer quelques minutes dans l’antre du cabinet, sans déranger les patients, ceux qui souffrent puisque patient vient de patio en latin, la douleur. Il ne s’agit pas en effet, pour les hommes les femmes et les enfants qui entrent dans mon bureau, de patienter, d’attendre, mais bien de traverser les affres d’une douleur et des territoires désolés. Je m’appuie sur tous les auteurs qui ont écrit sur ce sujet, mais ceux qui m’aident le plus dans ces moments-là, ce sont les autres patients qui sont venus dans ce bureau et m’ont demandé de parcourir avec eux les contrées du désespoir. C’est ce qui m’aide le plus pour tenir dans l’incertitude et l’impuissance : savoir que j’ai déjà fait ce voyage avec d’autres pour lesquels le printemps est un jour revenu.