D’autres en parlent

-Commentaires reçus à propos de Sans vous je ne serais rien.

“Un vrai bonheur de lecture ! Un livre au ton juste qui montre ce qu’il se cache derrière la réalité polyphonique vécue par les personnages. On est touché par ce qui se dégage des expériences de vie, simples ou difficiles, des protagonistes. Et l’on découvre, que l’essentiel traverse nos joies et nos épreuves. Pour une fois, la pandémie est acceptée en toile de fond sans ces sempiternelles prises de positions péremptoires. Bien plus elle est un des réceptacles de ce qui tisse l’infinie variété de nos vies et nous fait vivre, ce qui en fait alors toute une richesse” Manuforev sur Babelio et Amazon.

“J’ai terminé, il y a quelques semaines, la lecture de votre roman et j’en garde encore l’empreinte, en reconnaissant aussi le style et les questionnements de vos ouvrages précédents. La rencontre à l’autre, à  soi. Comme un sillon qui se creuse de livre en livre. J’ai été emmenée par le récit, sa construction polyphonique, ses personnages attachants. Félicitations pour ce  roman fort et sensible, dans lequel vous rendez si bien l’articulation de l’intime et du collectif. Un roman humain et engagé !Sans vous je ne serais rien, est un bien beau titre pour un ouvrage qui donne aussi à éprouver ce que l’on a chacun à faire de nos histoires pour naître à nous même…” MD

“Ce petit message pour vous dire que j’ai lu quasiment d’une traite Sans vous je ne serais rien avec beaucoup de plaisir et d’intérêt. Il me semble que vous maitrisez encore mieux que dans le précédent la structure « polyphonique » que vous affectionnez : vous parvenez à faire exister différents personnages et à les inclure dans une structure complexe où chacun chemine peu à peu vers sa vérité et réussit, vaille que vaille, à débrouiller le mystère de son existence et à accéder à une sorte de paix intime. Les péripéties de Tom au Mali sont particulièrement réussies et d’une grande force d’évocation. Et aussi l’ambiance COVID qui baigne tout le roman. Et la couleur et l’odeur particulières de Berck. De même les personnages de Fiona et de Simon s’imposent d’entrée de jeu et s’affirment tout du long.” AE

“Je viens de terminer votre “Sans vous, je ne serais rien”. Je l’ai dévoré.
Je l’ai beaucoup aimé. Je me suis sentie particulièrement touchée par tes trois personnages principaux. Comme dans chaque nouveau chapitre, vous passez d’un personnage à l’autre, vous créez un très grand suspens, et une envie d’en savoir chaque fois plus sur le passé, le présent, le futur de chacun. je me suis sentie en empathie avec leurs souffrances et leurs difficultés, et j’ai trouvé merveilleux la façon dont petit à petit, ils parviennent à s’aider, mais font aussi l’effort, les démarches nécessaires pour se sentir tellement mieux. Je reste aussi particulièrement touchée par ce qui se passe au Mali, à la grande difficulté pour la population locale de vivre avec les djiadistes, la bonté de personnages comme Mamadou et Oumar, la terrible injustice qui leur tombe dessus, alors qu’ils dégagent une telle sagesse, une telle offrande d’eux-mêmes… Vous abordez beaucoup de thèmes interpellant, comme les non-dits dans l’histoire de Fiona, la maltraitance dans l’enfance de Tom, les problèmes d’adolescence chez Mathieu, le fils de Simon. Et Simon qui s’enferme dans sa maison comme dans son passé…Je vous remercie particulièrement pour tout ce que vous m’avez apporté” MN.F  

-Note de lecture du roman Bientôt déjà hierroman, Louvain-la-neuve, Académia, 2020. Par Nicole Stryckman ( 2021)

Par une soirée glaciale sur la plage de Berch-sur-Mer, une femme et son petit sac rouge sont découverts. Elle est frappée d’amnésie d’identité. Elle ne se souvient de rien. Ne reconnaît pas les lettres adressées à Anna K. que contient le « petit sac rouge. Le gendarme Antoine Dambron alerté par un passant conduit la « dame » à l’hôpital maritime. Peu de temps après, le cadavre d’une femme est découvert dans la baie d’Authie.

Y a-t-il un lien entre ces deux affaires ?

La gendarmerie et l’hôpital maritime ont deux énigmes à résoudre. Trois récits de vie vont s’associer et s’intriquer. En fond d’écran : la vie amoureuse des personnages. Ils ont un point en commun, la douleur d’exister. Celle de l’héroïne principale, Hanna, se double d’un « événement » qui la plonge dans un trou noir, un gouffre, celui de l’espace qui vous aspire et vous fait disparaître. 

Que s’est-il passé?  Un événement a obligé Hanna à interrompre brutalement ses activités de psychanalyste et de tout quitter sur le champ. 

Partir pour un voyage-errance en renonçant à toute ses attaches. Elle flotte dans un brouillard sans nom. La vie l’oblige à éprouver ce nouveau temps en l’enjoignant à consentir à la dépossession extrême. Pour ne pas s’effacer et disparaître, elle tient une correspondance avec son amie Anna K. dont elle ne souhaite aucune réponse. Ce qu’elle a perdu dans sa chute, c’est le désir d’écrire et de pratiquer la psychanalyse. Cependant, elle en est convaincue, seule l’écriture pourra l’aider à retrouver ce qui n’a pas pu disparaître. Mais elle sait que rien ne sera plus comme avant. 

Est-il possible d’écrire la langue du désir ? 

Ce voyage-errance est un long parcours dans l’écriture. Hanna souligne que l’important n’est pas l’écriture mais « d’utiliser l’écriture pour tenter de retrouver un chemin » où les ornières de la répétition ne seront pas victorieuses. Dans un premier temps, les lettres adressées à Anna K. pour recréer et maintenir un lien avec l’extérieur d’elle-même et avec la réalité. Dans un second temps, au fur et à mesure que l’angoisse se desserre,  les lettres sont construites comme des séances de psychanalyse. Ces « séances » flottent entre les associations libres et les éprouvés corporels qui témoignent de cette douleur d’exister. Douleur d’exister dans un monde ou les fantômes du passé ne cessent de réveiller les silences, les secrets familiaux enceints dans une crypte transmise de génération en génération. Les chapitres vont nous transporter en alternance entre le voyage-errance d’Hanna, la correspondance de celle-ci avec Anna K., la police, l’hôpital maritime et aussi les turbulences conjugales du gendarme Antoine Dambron et de la psychologue du service hospitalier. L’entrelacement et l’entrecroisement des récits nous font découvrir combien la transmission transgénérationnelle, les ruses et l’imprévisibilité de l’inconscient ont un impact et un pouvoir sur le chemin de vie de chacun des personnages.

Qu’est-ce qui va permettre de percer les énigmes, de faire parler les silences et d’ouvrir la crypte et de délivrer les secrets ?

La correspondance enfouie dans le petit sac rouge, et la découverte en fin de parcours du « cahier brun » vont déchirer le voile opaque qui recouvrait cette histoire familiale.

Ce roman montre la place de l’écriture et du dialogue clinique dans le processus de reconstruction subjective par l’apprivoisement de la solitude, du silence et de l’ignorance sur certains éléments du passé.

Un récit bouleversant, où le maître de cérémonie est l’inconscient et son pouvoir. 

Nicole Stryckman, Analyste Membre d’ Espace analytique de Belgique et de France

Commentaire sur Babelio de ” Bientôt déjà hier

“livre passionnant, mêlant roman épistolaire et enquête policière sur fond d’un voyage à la recherche d’une identité perdue suite à un drame d’une douleur insoutenable. jeu d’aller retour entre passé, présent, futur, tel l’atemporalité de l’inconscient. je recommande vivement ” Alberte ( 2021)

-Note de lecture de l’essai Féminin, maternel, couples, la valse à trois temps d’une psychanalyste, Toulouse, Eres, 2015 par Isabelle Counet ( 2015)

Romancière,  auteure d’essais et de nombreux articles théorico-cliniques, Danielle Bastien est docteure en psychologie (UCL), co-fondatrice d’Espace analytique de Belgique et membre d’Espace analytique France. Dans ce nouvel ouvrage, elle déploie ses thèmes de prédilection sur lesquels elle n’a cessé de travailler : même si elle divise son livre en trois parties distinctes, les motifs, repris au gré d’entretiens ou de cures, du féminin, du maternel et des couples s’entrecroisent, s’intriquent dans des chapitres aux styles variés : du poème en vers libres à la prose poétique, en passant par la rigueur de l’essai, s’appuyant sur de  nombreuses références théoriques, littéraires et cinématographiques.  

Dans ce livre accessible, l’auteur nous éclaire sur son travail : comment  accueillir, entendre un(e) patient(e) en individuel, un couple qui vient consulter, dans un planning familial, en service de santé mentale comme en privé, pour des difficultés liées à son histoire et à celle de ses ascendants, à ses liens avec un(e) ou des partenaires, hétéros ou homosexuels. Des couples en désamour, en rupture, en mal d’enfant. Dès le début de sa carrière dans un planning familial du Hainaut, l’auteure a été confrontée à la clinique de l’IVG qui lui a, nous dit-elle, appris son métier. Dans le présent ouvrage, D Bastien aborde également la clinique des FIV et PMA, « l’envers et l’endroit » d’une réalité ô combien difficile à vivre, avec tous ses enjeux, du côté féminin et masculin. 

Ce livre nous interpelle sur ce travail se situant à plusieurs niveaux : d’abord, la mise en mots du patient, celle de la demande, de l’adresse qui n’est pas toujours là d’emblée. La difficulté de mettre des mots et, à fortiori, de mettre en récit ce qui arrive, ce qui est vécu : cette tentative d’élaboration psychique est parfois impossible et dès lors ponctuée d’agirs – actings in ou out et passages à l’acte – . D. Bastien se réfère ici à l’acte-décharge de R. Roussillon comme fonction de défense mais aussi comme mise en forme d’une représentation, d’une « ébauche de pensée »[1]

 L’auteure souligne également l’importance de l’installation d’un cadre, afin que la personne ou le couple puisse, dans cette « aire à caractère transitionnel [2]», d’abord thérapeutique, où se déploient les répétitions, la destructivité et autres manifestations de la pulsion de mort mais aussi la création et les rejetons de la pulsion de vie, accéder à la symbolisation : l’avancée du travail permettra dès lors le glissement progressif du cadre thérapeutique, tenu par le/la/les (co-)thérapeutes, au « cadre-scène » singulier, à « l’aire de jeu » de chaque patient, de chaque couple. D. Bastien s’appuie également sur le « cadre du cadre »[3], l’équipe de psychiatres, psychothérapeutes, psychanalystes qui a soutenu cette unité en y oeuvrant depuis ses débuts en 1995.

Enfin, comment pouvoir résister – car c’est bien de cela dont il s’agit – , comment pouvoir tenir le cap, le cadre, constamment mis à l’épreuve par les tempêtes psychiques des patients ?

Mettre en mots, créer, écrire serait la réponse de l’auteur à ces interrogations autour du désir de l’analyste qui sous-tendent son œuvre : « Comment pouvoir  rester psychanalyste sans être épuisé soi-même par la folie, la rage, le désespoir absolu, la violence, la mort de l’autre ? Là, il me semble que je peux répondre : pour moi en tout cas, pour pouvoir rester psychanalyste sans me perdre moi-même, je dois écrire. »[4]

Danielle Bastien termine cette belle et originale valse à trois temps en évoquant le souvenir de Lina Balestriere, décédée en 2014 et qui l’a encouragée dans le processus d’écriture de ce livre sans avoir pu en voir l’aboutissement. L. Balestriere a transmis à l’auteure « la force du désir de travail » et aussi celle d’affronter « l’implacable déraison que la mort nous impose »[5]. Nous espérons que le besoin de Danielle Bastien de « rester intensément vivante » lui fera faire d’autres voyages en écriture.

                                                                                                      Isabelle Counet[6]

                                                                                                isa_counet@hotmail.com


[1] R. Roussillon, Paradoxes et situations limites de la psychanalyse, Paris, PUF, 1991, p. 127.

[2] D. Bastien, Féminin, maternel, couples. La valse à trois temps d’une psychanalyste, Toulouse, Erès (coll. Singulier Pluriel), 2015, p. 157.

[3] L’expression est de N. Minnazio qui a supervisé l’Unité clinique du couple à Chapelle-aux-Champs pendant six ans

[4] D. Bastien, op. cit., p. 190.

[5] D. Bastien, op. cit.,  p. 203.

[6] Psychothérapeute d’orientation analytique (EAB), 19, rue de l’Aqueduc, 1060 Bruxelles.